Elle est une source d’inspiration importante. Chaque matin est une nouvelle histoire qui s’écrit devant leurs yeux. Il faut écouter ce qu’elle raconte et y ajouter un peu d’imagination. Bulle de Forêt, c’est aussi cela : la fascination pour la nature ajoutée à l’amour de la lecture. C’est notamment à travers le kamishibaï, qu’ils rendent cela possible. C’est une technique de contage d’origine japonaise qui se fait à travers un théâtre de papier basé sur des images qu’ils font défiler. Ils écrivent et illustrent eux-mêmes, ce qui leur permet de partager leur philosophie. En plus de valoriser l'imagination, le kamishibaï permet un échange entre les lecteurs et ces spectateurs. Ils évoquent des thèmes comme la préservation de la nature et la construction de soi. En quelques mots, ce qui compte c’est être en harmonie avec soi-même, autrui et son environnement. Mais il ne suffit pas d’avoir les bons mots, il faut aussi avoir les bons actes.
« Aventurons-nous au cœur d’une immense forêt. »
C’est avec ces mots que deux conteurs-planteurs-cueilleurs (comme ils se définissent) commencent leur première histoire. Et c’est ainsi que je choisis de rentrer dans Bulle de Forêt à mon tour. Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, il faut revenir à l’origine parce qu’ici le choix des mots n’est pas le fruit du hasard mais celui d’un travail de réflexion qui demande du temps et auquel on adore en donner. Quand l’on pense à une bulle, on s’imagine une sphère transparente. On s’y enferme pour se protéger mais la transparence nous laisse la possibilité de garder un œil sur l’extérieur. Mais une bulle est fragile, il faut l’entretenir pour la garder intacte.
Juste avant de débuter l’écriture de ce texte, je leur ai demandé : Pourquoi la forêt ? Pourquoi avoir choisi des arbres comme personnages pour votre histoire ? A cette question, ils répondaient : l’arbre est le lien entre le sol, la terre et le reste. En d’autres termes le lien entre les racines, le passé et le ciel. Ils ajoutaient : l’arbre peut régler tous les maux de l’homme.
Bulle de Forêt fait partie
du réseau Hortus France !
En effet, avez-vous déjà regardé un arbre ? Je veux dire assez longtemps pour vous rendre compte qu’il nous offre de l’ombre, du bois, de la nourriture et de l’oxygène. Sans oublier qu’il stocke le dioxyde de carbone. Que demander de plus ?
A Bulle de Forêt, ils l’ont compris et c’est pour cela que dès la première année, ils ont planté 110 arbres fruitiers, en plus des 85 arbres déjà présents sur le terrain.
Ils admirent l’arbre. Ils ne le coupent pas, ne le blessent pas car ils ne sont pas contre la nature mais avec.
Être en cohérence pour garder du sens. Du sens, ils n’en trouvaient plus dans le fonctionnement de notre société actuelle. C’est pour cette raison qu’ils ont créé cette bulle de forêt en marge d’un système où les gens se battent entre eux pour « réussir ». On a oublié l’essentiel. Notre bien le plus précieux n’est pas le dernier iphone que l’on vient d’acheter, notre bien le plus précieux est l’eau.
Dans nos pays occidentaux, l’eau coule à flot dès qu’on allume le robinet. Mais vous êtes-vous déjà demandé : d’où vient-elle ? Nous sommes persuadés que tout ce qui existe aujourd'hui le restera pour toujours, que tout nous est acquis. Mais que deviendrons-nous si l’eau cesse de couler dans nos maisons ?
A Bulle de Forêt, ils ont choisi de passer aux toilettes sèches
(pour éviter de gaspiller entre 6 à 12 litres d’eau potable à chaque chasse d’eau) et d’utiliser des récupérateurs d’eau de pluie pour l’arrosage.
A l’inverse d’une société de consommation où les mots d’ordre sont « il faut toujours plus », ici les mots d’ordre seraient « il faut le nécessaire ». Ce qu’ils n’ont pas pu arrêter ou réduire, ils le produisent par eux-mêmes comme la lessive ou même l’électricité à l’aide de leurs 9 panneaux solaires.
Recette de la lessive :
1- Sélectionner puis couper des branches de lierre
2- Ne garder que les feuilles
3- Faire bouillir de l’eau
4- Laissez macérer pendant 15 minutes
(24 heures après)
5- Essorer les feuilles
6- Mettre en bouteille (à utiliser sous 1 mois)
Le reste, ils le recyclent grâce au keyhole par exemple, qui permet de cultiver de manière esthétique et intelligente.
Le but principal est de respecter le vivant qu’il soit animal ou végétal. En construisant des abris pour eux et en n'utilisant aucun produit chimique comme les engrais ou les pesticides.
Dans cette micro-ferme culturelle, on peut dire que les humains et les animaux /insectes vivent en symbiose, en équilibre, chacun offre à l’autre ce dont il a besoin.
Poules Marans
Canards coureurs indiens
Ils tendent vers l’autonomie en construisant tout de leurs propres mains. Pour cela, il faut laisser de côté la machine et privilégier les outils. Travailler avec des outils permet de se reconnaître dans ce que l’on produit. Cela demande plus d’effort mais la satisfaction de voir le produit fini n’est que plus grande. Faire soi-même nous oblige à acquérir des connaissances. De plus, cela évite d’utiliser des énergies fossiles. Ce n’est pas seulement le résultat final qui compte, toute la démarche est importante. Par exemple, lorsqu’ils ont décidé de faire leur potager, c’était aussi pour le plaisir de toucher, sentir la terre, de regarder pousser ce qu’ils avaient planté puis d’aller les cueillir, comme ils le disent : « Quel bonheur d’aller chercher son repas directement dans le jardin ! »
Infusions de basilic pourpre
Bâtons de fumigation (avec de la sauge et du romarin)
Durant les jours où j’étais présente à Bulle de Forêt, 3 magnifiques tipis sont arrivés. Ils ont été montés avec l'aide de Jennifer qui les fabrique de façon artisanale.
Placés vers le fond de leur terrain, entourés d’arbres et d’un feu de camp, cet endroit recrée parfaitement cette ambiance primitive qu’il nous manquait. Une bulle (amérindienne) dans une bulle (de forêt). Plusieurs projets sont en train de naître avec eux. Il sera maintenant possible de dormir sur place et de faire des ateliers la journée ou juste de profiter du calme/des animaux parce qu’ici il n’y a pas de bruit mais que des mélodies.
Reportage réalisé durant l'été 2022 par Mila
woofeuse/photographe/étudiante/éco-consciente.
Nous la remercions de tout coeur pour son passage ici,
l'intérêt pour le projet, sa curiosité, sa gentillesse,
et surtout, pour la sincérité qu'elle a mis dans son reportage.
- Stéphane & Séverine
